Sur la pratique de l'histoire

Depuis la fin du XXe siècle, notre époque a entrepris un tournant éthique qui se manifeste par des questions portant sur l’intégrité et la responsabilité à l’égard de soi et des autres, la reconnaissance de la diversité sous toutes ses formes, les dimensions du vivre-ensemble, le respect de la dignité humaine. Les grands projets politiques ont perdu de leur superbe et de leur capacité de mobilisation. Les multiples interprétations s’entrechoquent dans une cacophonie étourdissante. Le faux prend souvent la figure du vrai pour mieux leurrer. L’avenir est lourd de menaces, le passé devient révolu, le présent forme un refuge pour nos attentes et nos espoirs.

À l’instar de ses concitoyens et concitoyennes, Martin Pâquet ne peut que constater les nombreux enjeux et défis de notre situation en terre d’Amérique. Après une quarantaine d’années de pratique, il réaffirme les grands principes qui ont donné naissance à sa discipline. Dans dix chapitres comme autant de facettes d’un métier artisanal, il partage avec nous sa conception de la discipline historienne.

Être un historien, pour Martin Pâquet, c’est repousser les frontières de la mort et de l’oubli; c’est aussi aimer la vie dans ce qu’elle a d’essentiel et de signifiant, de fragile et de labile. Faire de l’histoire, c’est marier la tête et la main, c’est dialoguer avec les êtres humains de jadis et d’aujourd’hui. C’est un métier profondément empathique qui mobilise tant le corps que l’esprit, c’est la pratique d’une discipline qui noue le passé au présent et à l’avenir.