« Tu es né à Draâ Ben Khedda, près de Tizi Ouzou, sur une montagne magique. Au fil des ans, tu subis les affres d’une décolonisation ratée sur une terre hostile à Alger. Par-dessus le marché, ton père s’avère ne pas être ton père et ta patrie se compromet dans des querelles fratricides. Alors, comme tant d’autres, tu suis l’exode aveugle qui, de logements radieux en prisons modèles, clouera définitivement le bec à tes illusions. Dans un ultime baroud tu t’engages à la Légion étrangère où tu te fonds sans mal dans le paysage. On te retrouve femme de ménage nettoyant l’infirmerie en préfabriqué d’un Quartier anonyme. C’est là, parmi les serpillières et sous l’accablante moiteur, que tu décides enfin de ton sort : tu allais devenir le premier homme à partir dans la jolie fusée qui te nargue derrière ses feuilles de palme. Et c’est ainsi qu’avec l’aide de mercenaires décatis et de putains, tu mets sur pied le premier vol habité d’Ariane. » On retrouve dans ce récit poétique composé comme une BD sans dessins, avec collages, éclats de voix, digressions mentales, messes basses, compositions abstraites, anecdotes déjantées, les personnages de plusieurs livres de Frédéric Léal depuis Selva ! en 2002. Mais cette fois, les protagonistes décident d’aider un légionnaire cafardeux à s’envoler dans la fusée Ariane. Un roman débridé, pratiquant l’auto-science-fiction et promouvant une forme de résilience trash.