Le Mont Perdu ? Il n'y avait enfant qui ne le sût par cœur, sans qu'on fût pour cela plus d'accord sur les choses que sur les noms. L'un le plaçait en France, l'autre en Espagne. Tel l'avait vu en passant la brèche du Taillon, mais à son compte il y avait deux ou trois Monts-Perdus. Tel autre le traitait si familièrement que dans sa jeunesse il y avait mené paître des moutons ; tandis qu'on m'assurait ailleurs que le plus hardi chasseur du pays n'en avait atteint la cime qu'à l'aide du diable qui l'y avait conduit par dix-sept degrés. Il était clair que personne ne connaissait le Mont-Perdu et que jamais, depuis qu'on nomme des montagnes, il n'y en eût une aussi bien nommée.Louis-François Ramond, Voyages au Mont-Perdu et dans la partie adjacente des Hautes-Pyrénées, Belin, 1801.