Certains annoncent la mort de l’histoire de France. En ces temps de mondialisation, et surtout d’arrivée massive de populations issues de pays anciennement colonisés, le récit purement national serait à mettre au rebut. D’autres voudraient le retour d’un âge d’or, avec ses histoires saintes, monarchiques ou républicaines. Dans cet essai qui peut faire débat, Dominique Borne propose de dépasser l’une et l'autre attitudes. L'usure des veux récits est réelle, même si beaucoup de leurs épisodes éveillent encore un écho profond. Reste que la société française à laquelle on chantait le refrain national a été bouleversée et que les évolutions européennes et mondiales pèsent lourdement sur les destins des peuples. Ces récits portaient en eux une espérance eschatologique qui a déserté quand la croyance au progrès s'est évanouie. Faut-il pour autant abandonner toute l'histoire de France ? L'auteur prend vigoureusement parti : "Le besoin d'histoire nationale est d'autant plus grand que les incertitudes contemporaines sont nombreuses." À suivre Dominique Borne, il est possible de reconstruire une histoire à partir de moments d’histoire. Une telle histoire, pluraliste et discontinue, serait tissée avec celle de l’Europe et du monde et prendrait en compte toutes les composantes de la société. Se prêtant lui-même à l’exercice, l’auteur en propose quelques facettes qui redessinent un paysage national, suggèrent d'éventuels héros et donnent même des raisons d’espérer en l’avenir. Prix Claude Berthault.