« The Handmaid’s Tale » de Margaret Atwood nous rappelle la présence de la voix aux sources de la littérature première. En effet, le texte qu’elle nous livre se présente comme une transcription de bandes magnétiques enregistrées deux cents ans auparavant. Si Margaret Atwood s’emploie à rendre à l’écriture la force communicative du langage parlé, elle met également en avant le processus de recomposition de son histoire. Récit de vie enregistré sur bandes séparées et non numérotées, le texte est un assemblage de morceaux épars, de pièces rapportées, dont l’agencement est arbitraire et réversible. II se construit et se déconstruit sans cesse, se délite et se dérobe. Parce que le conte ressortit à une esthétique du fragment, Héliane Ventura s’est elle-même attachée à mettre en valeur les éclats, les morceaux, les pépites. Elle présente une série de six interprétations de textes (explications linéaires ou commentaires composés) qui, de l’incipit aux deux clausules, reconstitue la trame de l’existence de la Servante, livrée à la tyrannie, dans cet univers dystopique qui s’appelle ironiquement « la République de Galaad » et qui se situe à Boston sur la terre des anciens Puritains de la Nouvelle Angleterre à l’aube du vingt et unième siècle.