Hédi Bouraoui scrute son moi, son univers, son être spirituel - et même physique - avec une grande acuité. De même, il est aux aguets des moindres significations du monde. Sa table de perceptions, de résonances, est vaste — et celles-ci infinies quand il les renvoie dans le poème. Il sait aussi se distancier, pour mieux se percevoir. Toutes sortes d'idées, de ramifications imagées, de visions, de constats, de suggestions, naissent de son éveil. Mais la demi-veille et une sorte d'hypnose ont à peu près le même résultat chez lui.Ses réflexions sur la langue, le verbe, proviennent aussi de cette observation de sa pensée, de sa conscience. Le résultat n'est jamais uniquement intellectuel. Il est mobile, angoissé, vivant, réceptif, ironique, satirique, arbitraire, sincère, confondant. Le poète a, à la fois - et presque simultanément - envie de « détruire abondamment », et de reconstruire tout ce qui se présente à lui, à son intelligence ou à son intuition. L'autre - même dans l'érotisme - est pour lui le prétexte à des découvertes contradictoires, insolites, révélatrices.À toute certitude, Hédi Bouraoui oppose un croc-en-jambe. C'est un esprit curieux, inspiré, iconoclaste, autant que subversif.