Daniel est le fils unique d’Henri et de Bernadette Désaulne. Le roman de sa vie s’ouvre alors qu’il atteint l’âge adulte, vers 1960, en acteur anonyme de la guerre d’Algérie. Mais les « événements » comptent moins pour lui que le poids de sa famille. Daniel juge sévèrement ses mœurs bourgeoises aux racines provinciales, le conformisme de sa mère, la carrière politique de son père, exerçant contre lui et les autres l’ironie intacte d’une enfance qu’il refuse d’abdiquer. Ses parents cherchent en vain à le comprendre, liés par les valeurs morales, sociales, chrétiennes héritées de leurs propres parents, façonnés par les malentendus de leur propre existence, comiques, absurdes ou douloureux. À leur échelle, les Désaulne reflètent la France de ces années-là, étriquée dans les compromis du centre. Voici Daniel marié. Plus le temps passe, plus il se voit ressembler à son père, entrer dans le rang, prendre sa place parmi les maillons de la chaîne. De cette vie, il veut définir le sens, à travers une introspection minutieuse et désenchantée. Ainsi, page après page, une loupe se poserait sur la photographie de groupe de toute une génération, pour révéler ses tics et ses travers, détailler les effets de l’Histoire sur la suite des jours. En dépit de ce fardeau héréditaire, lorsque se fermera le roman, Daniel aura accompli le geste qui élargit sa vie en destin.