Pour retrouver Racine — et son théâtre de la cruauté — rien ne vaut une visite au château de Versailles. C’est ce que pense Pierre, un jeune metteur en scène qui vient de réaliser une audacieuse interprétation d’Esther. Mais on n’interroge pas impunément les personnages de tragédie : on ne réveille pas sans danger les fantômes de la cour de Louis XIV, qui animent les tableaux, le marbre des statues, les allées du parc. À Versailles, quand le dernier gardien a congédié le dernier groupe de touristes et refermé les grilles, la véritable visite commence et, avec elle, renaissent les démons d’autrefois : un opéra fabuleux, plein de prodiges, de cris et de fureur. Une sorte de happening à perruques et flambeaux, mené par le Roi Soleil et Mme de Maintenon, où se délivrent les « secrets » de l’Histoire. Celui que découvrent Pierre et le lecteur à la fin du récit n’est pas le moins périlleux. Traité sur le mode baroque, dans une langue généreuse et sensuelle, un voyage au bout du rêve — et des métamorphoses — qui est aussi une méditation sur l’art et la création.