Roman historique ou journal intime ? Ni l’un ni l’autre. Ma fille Marie-Hélène Charles Quint échappe à toutes les catégories littéraires. Jeanne Champion a composé une œuvre originale à deux partitions : une tragédie, celle de Jeanne de Castille, fille d’Isabelle la Catholique, mère de Charles Quint, enfermée par son propre père Ferdinand d’Aragon dans la forteresse de Tordesillas et restée dans l’histoire sous le nom de Jeanne la Folle ; une confession, celle de la narratrice, qui souffre d’une dépression nerveuse. Comme si elle se trouvait sur le divan d’un psychanalyste, elle nous livre ses psychoses : obsessions de la folie, de la création littéraire ou artistique, de l’inévitable présence de la mort. Elle est conduite, par la conjonction de certains signes, à identifier son propre destin au drame vécu par Jeanne la Folle. On découvrira dans Ma fille Marie-Hélène Charles Quint une œuvre séduisante, à la fois philosophique et plastique, d’une écriture lumineuse et narquoise, où le lyrisme du drame est accompagné en contrepoint par l’humour du quotidien.