Avis de tempête sur le palais du Luxembourg. En avril 1998, Lionel Jospin qualifie le Sénat d’« anomalie parmi les démocraties ». Depuis, la Chambre haute est au cœur d’une incroyable tourmente politique. La voici accusée – au choix – d’absolutisme, de cécité, d’immobilisme ou de gâtisme. C’est oublier que le Sénat n’est pas l’Assemblée nationale, qu’il représente le seul contre-pouvoir institutionnel de notre pays, et qu’il est l’émanation la plus fidèle de la province française. S’il n’était plus composé de parlementaires élus, notamment, par les conseillers municipaux, le Sénat se transformerait aussitôt en pâle clone de l’Assemblée nationale. Il n’y perdrait pas seulement son identité, mais aussi son utilité. C’est contre cette « modification transgénique » que s’élève Jean Cluzel, farouche défenseur du bicamérisme.