"L’herbe était haute, coiffant une pente douce sur laquelle Magalhães se mit à pédaler jusqu’à la résistance de l’air. Deux ou trois cahots lui firent lever l’arrière-train au-dessus de la selle afin de les amortir dans les jambes. Entre les immeubles en surplomb le ciel se couvrit subitement d’une couche végétale et Magalhães ne distingua plus la laine bleutée des nuages. Des épaisseurs sans interstices de feuilles détachées l’étouffaient. Aucune branche n’apparaissait. Autour de lui sur la mousse brillante les jambes d’écorce, pattes d’un troupeau immobile et endormi, dégageaient un parfum intime. Magalhães évitait de regarder au-dessus de sa tête les feuilles comme des paupières baissées sous lesquelles des yeux le guettaient. C’est alors que d’un seul élan la forêt s’envola dans un galop silencieux."