Et si la connaissance de la croissance naturelle de l'enfant, devait permettre à l'éducation d'aller précisément contre-nature ? Si l'échec était l'un des meilleurs ressorts de la pédagogie ? Si l'irrespect était une des conditions premières de la compréhension, de la fidélité et de la continuité ? Si les sciences de l'homme avaient provoqué, en éducation, autant de désarroi et d'effets pervers que d'effets positifs ? Si les spécialistes, les conseilleurs et les médiateurs de tout poil, avaient surtout contribué à susciter l'hésitation, la perplexité et la passivité des parents et des éducateurs, en culpabilisant le bon sens et la simplicité des relations éducatives ? Si les diverses cultures n'étaient pas aussi égales qu'on se plaît à le penser ? Si, enfin, l'enseignement était devenu trop important, trop décisif et trop lourd pour être laissé aux seuls éducateurs de métier ? Pourquoi ne pas se poser ces questions puisque, de toute façon, depuis trente ans, la réflexion collective sur l'éducation ressasse les mêmes thèmes, s'enfonce dans les mêmes ornières et s'accorde pour respecter les mêmes tabous, sans y trouver satisfaction ? Et si le roi n'était pas tout à fait nu ?