Pour quelles raisons le miracle japonais semble-t-il aujourd'hui se perpétuer, tandis que l'économie soviétique reste toujours en deçà de ses promesses ? Pour Anton Brender, cette différence de performances n'illustre pas, comme on le répète trop souvent, la supériorité de l'économie de marché sur l'économie planifiée, mais révèle plutôt le rôle déterminant, quoique méconnu, joué par les intermédiaires dans le fonctionnement de tout système économique. Car marchés et plans sont des abstractions qui ne se réalisent qu'à travers des réseaux concrets de communication et décisions entre les divers agents économiques. Or, le fait que les marchands japonais excellent, là où les fonctionnaires soviétiques échouent, ne signifie pas que les objectifs poursuivis par la société nippone soient mieux définis que ceux de l'U.R.S.S., mais montre seulement que l'économie japonaise est plus efficace que l'économie russe. Est-ce à dire que le projet socialiste se trouve pour autant remis en cause ? Tout au contraire, puisqu'il se définit lui-même comme une coordination consciente et volontaire des aspirations sociales. Mais son succès dépend de son aptitude à se doter d'un véritable appareil cybernétique, seul capable de transformer ces objectifs ambitieux en réalités palpables. À l'heure des choix de société et du socialisme en question, l'ouvrage de Brender offre donc une perspective nouvelle pour la réflexion et l'action. S'appuyant sur une analyse - rigoureuse et approfondie - des exemples japonais et soviétique, il fait apparaître, en conclusion, comment pourraient être utilisées, en France, dès maintenant, certaines institutions comme la Banque Centrale et le système bancaire, pour promouvoir cette régulation cybernétique, essentielle à l'avènement d'un socialisme à visage humain.