La crise mondiale qui frappe la majorité des économies, depuis les années 1970, ne concerne pas seulement la production et les échanges, mais traduit également une inadaptation des représentations traditionnelles. La contribution principale de J.-M. Oury à cette critique, prend pour point de départ un diagnostic sans complaisance des infirmités essentielles des théories économiques dominantes qui se révèlent, selon lui, incapables d'expliquer comment les activités d'un commerçant, d'un voyageur ou d'un courtier, deviennent source de richesse dans nos systèmes sociaux complexes. Cette enquête le conduit à placer la notion de vigilance au cœur de l'analyse des processus économiques. Il en résulte une révision de nos repères familiers. Ainsi, l'économie politique de la vigilance substitue-t-elle le concept de décision à celui de bien, en développant un cadre d'analyse dynamique rigoureusement relativiste, dont les deux idées maîtresses sont celles de plus-value locale et de crise locale. L'auteur montre, par cette approche, que la logique qui guide la conduite d'un fabricant, a peu de chance de coïncider avec celle du vendeur du même produit. Si, cependant, l'entreprise survit à leur affrontement, ce n'est pas par l'opération miraculeuse d'une logique englobante qui les concilierait, mais plutôt par le travail efficace de leur vigilance réciproque. L'économie politique de la vigilance, ne constitue pas une théorie au sens strict du terme, mais elle fournit les éléments d'une problématique originale, qui ne manquera pas de stimuler l'imagination de tout lecteur attentif aux réalités économiques contemporaines.