De quel type d'information sur le monde, les propositions énoncées par l'économie théorique sont-elles porteuses ? Cette interrogation constitue la trame de l'enquête sur les fondements de la discipline économique menée par Christian Schmidt. Utilisant conjointement les ressources de l'histoire, et les enseignements récents de la philosophie des sciences, l'auteur s'attache à dégager sa spécificité, par-delà les analogies trompeuses avec d'autres savoirs. Il la découvre dans une synthèse périlleuse, entre les logiques de l'action sociale, et l'étude des systèmes de production et de répartition de la richesse.À partir de ce constat initial, s'organisent les principales thèses exposées dans l'ouvrage. La syntaxe du langage économique, dont l'élaboration emprunte les formes de l'axiomatisation, se développe au détriment d'une sémantique encore indigente. L'auteur propose de renverser l'ordre des priorités, et de promouvoir une méthodologie rigoureuse de l'interprétation. La normativité qui affecte certains de ses énoncés, n'est pas synonyme d'arbitraire, mais requiert un traitement logique approprié. La confrontation directe des hypothèses, déduite des modèles théoriques aux matériaux statistiques fournis par les observations économétriques, se révèle impossible. Elle impose donc la construction de modèles intermédiaires, encore peu explorés.La sémantique économique en question propose ainsi une réorientation en profondeur de la recherche théorique. Mais son propos n'est pas seulement programmatique. Il fourmille d'exemples variés. Le calcul économique, la logique des préférences individuelles et collectives, l'analyse de la production et la théorie de la consommation se trouvent, tour à tour, reconsidérés dans cette perspective. En questionnant la sémantique, Christian Schmidt nous livre, en définitive, les éléments d'une réponse originale à des problèmes traditionnels mal posés.