L'enfermement et l'horreur douce du jeu psychiatrique, du moins tel qu'il se déroule à Val Fleuri, asile modèle dirigé par Barberousse. Les patients y sont incités à exploiter leurs possibilités latentes, mais c'est pour mieux les réduire et les transformer en larves impuissantes, en nourrissons incapables de réaction. Joffrion, interné récalcitrant, incité à écrire, verra son livre confisqué et sera déclaré hors jeu par Barberousse qui s'attribuera la paternité de l'œuvre. Cela dit, l'essentiel n'est-il pas dans le conflit qui oppose les deux hommes ? Qu'il cesse et il ne restera à Joffrion, ombre parmi les ombres, partie intégrante du rituel psychiatrique, qu'à ratisser les allées d'un univers qui s'effrite... Dans une écriture tendue, infiniment retenue, où les mots, les phrases reprises d'un personnage à l'autre, brouillent les contours, inquiètent les identités, un beau roman pudique et violent. Éperdu.