À l’ère de l’hyper-communication, de l’information continue et de la consommation de masse, la figure de l’Autre a disparu. L’Autre (l’ami, la personne désirée ou détestée) se fond désormais dans le flux de notre désir narcissique d’abolir toutes frontières et de s’approprier le monde. Gouvernées par cette « terreur du même », nos vies ont renoncé à la quête de la connaissance, à l’introspection, à l’expérience tout court pour devenir les chambres d’écho des réseaux sociaux où les rencontres sont illusoires. Ce qui peut conduire les individus désorientés et en quête de sens à des gestes extrêmes envers eux-mêmes et envers les autres. Aujourd’hui, ce n’est pas la répression qui nous menace mais notre propre dépression intérieure. Restaurer une société de l’écoute et de reconnaissance de l’Autre est la seule voie de salut pour combattre l’isolement et la souffrance qu’a engendrés un processus d’assimilation aveugle. Publication originale : Matthes & Seitz, 2018. Traduit de l’allemand par Olivier Mannoni.