La transparence, leitmotiv de nos sociétés, est-elle si souhaitable ? Elle n’est pas seulement affaire de liberté de l’information ou de responsabilité des gouvernants devant le peuple, mais elle structure, tel un régime totalitaire, tous les aspects de notre vie allant du collectif à l’individuel, du politique à l’intime.Car nous vivons aujourd’hui dans « la société de transparence ». Une société d’abord positive, où le négatif est démantelé. Une société où les choses sont lissées, intégrées sans résistance dans les flux de la communication et dépouillées de leurs singularités. Comme sur un marché, tout doit être exposé, réduit à son prix et privé de récit. Les corps eux-mêmes sont dénués de sens ; les visages perdent toute scénographie ; le temps est atomisé et dépossédé d’orientation. Nous voilà dans un « enfer de l’identique » où les informations se succèdent pour combler le vide permanent dont nous sommes prisonniers, et où il ne nous reste comme choix que de liker pour approuver. Ne tolérant aucune faille, la société de transparence nous pose donc un choix : être visible ou être suspect. L’homme peut-il encore s’échapper de cette société de contrôle mutuel ?