Sa naissance fut hésitante. Sa composition est régulièrement critiquée. Son utilité, périodiquement contestée. Pourtant, le Sénat a su résister aux bourrasques, se trouvant un rôle singulier, d’ailleurs assez différent de celui d’indispensable contrepoids à l’Assemblée nationale que lui avait imaginé le général de Gaulle. Aujourd’hui, si la « chambre haute » conserve des détracteurs – les uns voudraient la fusionner avec le Conseil économique, social et environnemental (CESE) quand d’autres la verraient bien muer en une véritable chambre des régions, voire militent pour sa suppression –, elle contribue à la stabilité du régime. Réformer le Sénat ? Peut-être, si l’on n’oublie pas qu’un parlement bicaméral est intrinsèquement une horlogerie fine destinée à modérer les passions causées par le gouvernement des hommes. Jean-Jacques Urvoas montre combien le Sénat doit veiller à demeurer, selon l’heureuse formule de Maurice Schumann, « l’édit de Nantes permanent de la République ».