Claude Romano repense à nouveaux frais la méthode phénoménologique en la mettant en dialogue avec d’autres courants de la philosophie contemporaine, et notamment la philosophie analytique. Sa réflexion s’ordonne autour de trois axes. Tout d’abord, la question des rapports entre langage et expérience, dans le sillage des recherches empiriques en linguistique : le langage n’exige-t-il pas, pour pouvoir être compris, que l’on interroge ses liens avec des significations pré-linguistiques qui fondent notre expérience même du monde ? Ensuite, la question du réalisme : la phénoménologie entretient-elle une affinité nécessaire avec l’idéalisme, comme l’ont cru un certain nombre de disciples de Husserl, ou ne nous met-elle pas plutôt sur la voie d’un réalisme qui demanderait à être reformulé ? Enfin, comment une phénoménologie réaliste et soucieuse d’une articulation plus fine entre expérience et langage permet-elle d’approcher de manière renouvelée des phénomènes « classiques » comme le corps, les émotions ou l’habitude ?