Le Sophiste est un des dialogues les plus difficiles de Platon, dans lequel se croisent deux questions principales : – qu’est-ce qu’un sophiste ? – qu’est-ce que ce qui est ? Platon les articule en dévoilant le pouvoir qu’a la parole de donner réalité à ce qui est. En mettant en scène le défi de la pensée confrontée au pouvoir démiurgique du langage hérité des poèmes archaïques, le Sophiste s’avère aussi être un dialogue entre un courant philosophique, l’éléatisme, et une pratique du discours, la sophistique. Il apparaît alors comme le véritable contrepoint du Timée : y émerge, à partir d’une pensée de la rationalité du langage et de la cosmologie qu’elle fonde ou semble fonder, ce qu’Aristote, Plotin ou Jamblique reconnaîtront et critiqueront comme une science de l’être avant l’heure. Seule une telle lecture transversale du Sophiste permet d’y caractériser la thèse originale : la philosophie première habite une démiurgie.