Comment comprendre le silence qui s’est abattu sur l’histoire allemande entre 1945 et 1985?? Quelles formes prit-il?? Comment qualifier ce mécanisme qui s’apparentait à l’amnésie?? Clivage?? Refoulement?? S’agissait-il d’un oubli vital pour ce peuple qui, emporté par une utopie meurtrière, s’éveillait soudain dans le monde qu’il avait dévasté?? De la création d’une néo-réalité à la psychose collective, l’opération psychique est complexe, grâce à laquelle des individus rassemblés en masse tout à la fois accomplissent et déréalisent leurs exploits et leurs crimes. Par quel processus sortent-ils du mutisme?? Freud a parfois dit sa réticence à transporter les concepts analytiques de la sphère individuelle à la sphère collective. Pourtant, des Considérations actuelles sur la guerre et sur la mort jusqu’à L’Homme Moïse en passant par Le Malaise dans la culture et L’Avenir d’une illusion, il n’a cessé d’envisager le rôle des identifications collectives tout à la fois dans les fondements culturels et les capacités autodestructrices des sociétés. Est-ce à cette charnière que s’exerça la puissance du pacte aryen, qui parvint à satisfaire le vœu d’une autoconservation collective inaltérable en puisant sa force dans l’angoisse auto-conservatrice individuelle?? Le regard rétrospectif sur ce pan d’histoire permet peut-être d’élucider certains aspects d’une question fort actuelle.