« Si vous voulez en savoir plus sur la féminité, adressez vous aux poètes. » Ces mots de Freud signent moins l’impuissance de la psychanalyse face à l’impénétrable énigme que l’exigence d’ouverture imposée par la féminité, en théorie comme en pratique. Au-delà de la sexualité des femmes et de la différence des sexes, la féminité a partie liée avec les origines et les formes les plus primitives du sexuel infantile. N’est-ce pas à son essentielle intimité avec l’inconscient, ce « corps étranger interne », que l’énigme de la féminité doit sa force d’attraction ? « Une femme est un autre. » Forts de cette idée dont ils montrent toute la complexité féconde, les écrits de Jacques André ne cessent de réinterroger les traces que retrouve tout retour aux sources de la vie psychique et pulsionnelle : séduction, angoisse, perte d’amour, passivité, masochisme, narcissisme… « Continent noir », la féminité est à l’image des labyrinthes de la psyché, mais elle en est aussi le fil d’Ariane. Non seulement pour en sortir mais également pour explorer les régions les plus obscures, là où se mêlent la mère soignante et séductrice, la femmeamante, la vie et la mort.