Réunis autour de Breton et d’Éluard, le groupe des Surréalistes se livra à un « jeu de la vérité » sur les goûts sexuels de chacun, et d’abord sur la position préférée. Réponse « poétique », à la presque unanimité : le 69 ! On ne saurait mieux signifier ce qui est en jeu dans la multiplication des positions possibles : le coït, l’acte sexuel au sens premier, menace l’humaine sexualité d’être « bêtement » rabattue sur la nature (celle de l’instinct) et sa fonction. La chorégraphie des positions en détourne l’usage, de la reproduction vers la quête du plaisir. Le 69 est au coït ce que la métaphore est au sens propre…Du plus pastel, « fleur bleue », au plus criard, « fist fucking », ces 100 mots de la vie sexuelle sont moins un petit dictionnaire que la revue des mots de la sexualité d’hier et d’aujourd’hui. Cet ouvrage ne s’attache pas tant à définir ce que chacun connaît qu’à interroger le sens (historique, sociologique, religieux, esthétique, psychanalytique…) des faits et gestes de la sexualité humaine. Il arrive aussi que les mots de la sexualité soient des mots sexuels, avec toute leur éventuelle brutalité. Baiser, par exemple, est à la fois la désignation d’un geste (le baiser) et un mot-acte, en lui-même porteur de la violence sexuelle.Au commencement était « l’abstinence », à la fin la « zone érogène ».