Les relations dans la vie quotidienne sont troublées par des conflits qui, si la violence physique est écartée, conduisent à formuler des critiques auxquelles répondent des justifications. En tirant parti à la fois de la philosophie politique et de l’étude sociologique de disputes, notamment au sein d’organisations, les auteurs montrent que ces critiques et ces justifications ne sont pas seulement circonstancielles mais qu’elles expriment un sens commun de la justice. Ils mettent au jour les règles que doivent suivre ces critiques et ces justifications pour être jugées recevables. Elles composent une grammaire inscrite à la fois dans le langage et dans des dispositifs matériels qui l’ancrent dans la réalité. Cette grammaire du désaccord et de l’accord est pluraliste : elle permet aux personnes de prendre appui sur différents ordres d’évaluation en fonction de la situation dans laquelle elles se trouvent plongées. Elle contribue en outre à réduire la tension entre, d’une part, ces ordres de grandeur et, de l’autre, un principe d’égalité aspirant à une humanité commune. Loin d’être un relativisme, ce pluralisme offre des ressources dont les personnes peuvent se saisir pour résister à la menace constante de domination.