Giovanni Pico della Mirandola (Pic de la Mirandole, 1463-1494), surnommé "le phénix de son siècle" est de loin l’un des personnages les plus fascinants de l'humanisme et précurseur de changements radicaux dans la pensée européenne de la Renaissance. Protégé et ami de Laurent de Médicis, proche et en partie fils spirituel de Marsile Ficin, il est l'incarnation exemplaire de la pensée de son temps. L'univers intellectuel de Pico s’est élaboré hors de tout système défini à partir du platonisme, de l’hermétisme et des textes grecs sur la création du monde, le cosmos, l'alchimie, la magie et surtout sur la sagesse humaine et divine qui imprègne toute son œuvre. Sa philosophie est plutôt une quête qu'un aboutissement, reflet d'une situation de crise, d'une culture millénaire en quête de renouvellement. Pico est l’ami du plus grand éditeur de son époque, Aldo Manuzio, de Johannes Reuchlin, le premier hébraïste allemand, et de Girolamo Savonarole, dominicain réformateur et un des plus grands personnages politiques de Florence. Il se lie à d'autres intellectuels, comme le savant vénitien Ermolao Barbaro, grand expert d'Aristote, dont la correspondance-controverse avec le jeune philosophe est restée célèbre. Pico n'a cessé durant sa courte vie de cultiver ses relations avec tous ces grands esprits et de s’inspirer de leurs œuvres pour bâtir son propre univers. Grand amateur de langues anciennes, très respectueux de la méthode philologique, Pico possède une érudition incomparable. Son constat « je sais beaucoup de choses que beaucoup ignorent » lui vaut l’admiration d’Érasme et de Thomas More. Sous la plume alerte de Verena von der Heyden-Rynsch, la vie de Pico devient une étonnante galerie de portraits, où l’on croise aussi Nietzsche, Joyce et Michelet qui vit en lui un précurseur de l'homme des Lumières en révolte contre l'autorité ecclésiastique.