"Le premier roman de Michel Mohrt que j'eus dans les mains fut La campagne d'Italie. Ses accents stendhaliens m'enchantèrent ; suivirent Deux Indiennes à Paris, Les dimanches de Venise, La prison maritime, L'ours des Adirondacks... J'y retrouvais ce ton que j'avais aimé dès l'abord, ce naturel qui, selon Valéry, est le fruit d'une conquête. Certains des livres de Michel Mohrt - soties, courts romans dialogués - font songer au théâtre de Marivaux, et à cet art de la conversation, quasi perdu aujourd'hui, où travestissement d'identité, sous-entendus, mots à double sens abondent et font les délices du lecteur. J'eus envie de faire partager ces bonheurs de lecture. J'en fis part à Michel Mohrt, qui tint à me mettre en garde : Il faut d'abord écrire ses propres livres, me dit-il. Je m'obstinai cependant : je ne sais pas renoncer à ce qui excite ma curiosité. J'imagine d'ailleurs que les plaisirs du lecteur ne sont pas si différents de ceux de l'amateur de curiosités : une ardente patience, la sûreté du coup d'œil, le désir de comprendre, le goût d'admirer..." Marie Ferranti.