Ce n'est pas la première fois que Robert Merle est sollicité par le problème de Sisyphe. En 1950, il avait écrit un lever de rideau, Sisyphe et la Mort, qui fut traduit en plusieurs langues, créé à Paris par Michel de Ré. De cette esquisse Robert Merle a fait une pièce en trois actes, très différente de ton et de tour. Pour Albert Camus, Sisyphe symbolisait le désespoir au sein d'un monde absurde. Pour Robert Merle, Sisyphe, bien vivant parmi les vivants, réduit la Mort à l'impuissance, et bien que cette impuissance soit diversement appréciée, la révolte de Sisyphe contre les Dieux et les Archontes incarne l'espoir des humains. Dans cette pièce dont les prises de position sont trop vigoureuses pour ne pas être, elle aussi, diversement appréciées, Robert Merle a tracé de son héros un portrait chaleureux, et exploité une situation ironique avec une verve qui n'admet pas de compromis. La même verve et la même ironie se retrouvent dans Justice à Miramar, mais le ton est ici plus burlesque. Robert Merle a situé l'action de sa comédie dans une contrée utopique et sous une royauté de fantaisie pour indiquer que la satire était générale, et l'iniquité judiciaire, un phénomène universel. II n'est pas exclu, cependant, que les procès scandaleux de notre temps aient nourri l'indignation qui vibre derrière cette farce féroce. L'auteur de Week-end à Zuydcoote paraissait particulièrement bien qualifié pour adapter Aristophane. Robert Merle, en fondant en un seul spectacle trois comédies distinctes, a pris de grandes libertés dans la construction de L'Assemblée des femmes. Mais il a respecté les thèmes et l'inspiration du grand comique grec, retrouvé, dans la transposition moderne, sa gaieté méridionale, et voilé son énorme humour sans jamais l'émasculer.