Voyage au Congo, et Le Retour du Tchad qui lui fait suite, se présente comme un « carnet de route » du 21 juillet 1925 au 14 mai 1926. Outre l’enchantement procuré par ce voyage avec Marc Allégret – Gide herborise, naturalise, papillonne –, l’écrivain dépeint la misère des villages, les maladies, dénonce le sort des prisonniers ou des enfants, les exactions de certains colons blancs et l’emprise des grandes compagnies coloniales. En dépit de la modération de son ton et du sérieux de ses observations, le texte déclenche de violentes polémiques dans la presse et à la Chambre des députés. Gide répond fermement et se revendique en tant que « voyageur libre ». D’une façon prophétique, il dépasse le cadre du témoignage personnel pour célébrer une « science naissante et bourgeonnante : l’ethnologie ». Il en fut l’un des précurseurs. Libre, d’une honnêteté impeccable, moderne. Dindiki, brève évocation d’un petit animal offert à Gide durant son périple, est un texte peu connu, d’une grande sensibilité.