Mai 1798. Bonaparte lance l’une des aventures militaires les plus fortes de l’épopée napoléonienne : la campagne d’Égypte. L’égyptomanie fait alors fureur en France et l’expédition éveille l’intérêt pour tous les mythes de l’Égypte ancienne, celle des Pharaons, d’Alexandre et de Cléopâtre. La participation de près de 170 savants, dont beaucoup rentrent chargés de trésors, contribue à la renommée d’une expérience qui apparaît d’emblée comme un choc entre deux civilisations. Mais il s’agit d’abord et avant tout d’une campagne militaire de grande envergure, qui mobilise une flotte de plusieurs centaines de navires pour acheminer près de 40 000 hommes de l’autre côté de la Méditerranée. Loin de l’Europe, les troupes du général Bonaparte découvrent un pays qui leur est inconnu et une autre façon de faire la guerre. Les soldats répondent à la violence de leurs opposants par une violence sans doute jamais atteinte dont pâtissent surtout les populations civiles. La colonisation de l’Égypte par les Français, au-delà des réformes imposées au nom de l’exportation des principes de 1789, s’est traduite par une politique de répression systématique du peuple égyptien. Jacques-Olivier Boudon raconte l’histoire de cette campagne et le destin de ceux qui y ont pris part. Il retrace, en reprenant les témoignages des acteurs et des victimes de cet épisode, l’histoire d’un échec militaire entré au panthéon des hauts faits de l’empereur.