Comment a-t-on pu si longtemps oublier l’œuvre d’Elsa Schiaparelli ? Elle qui, tour à tour, a inventé la couture spectacle, la démesure, qui a reformulé les normes de l’élégance, celles de la beauté… Issue de l’aristocratie, descendante des Médicis, la « jolie laide », comme l’histoire s’en souviendra, a grandi dans un palais romain auprès d’une mère mal aimante. Originale sans nul doute, la petite fille qui se faisait pousser des fleurs dans les oreilles se trouvera à son aise dans le milieu des artistes qu’elle fréquente plus tard, à New York d’abord, puis à Paris. C’est une autre famille en effet, celle de l’avant-garde artistique, qui l’encourage à exprimer sa créativité à la pointe de la modernité. Car, en 1935, le chic excentrique est à la mode et les collaborateurs d’Elsa Schiaparelli se nomment Dalí, Elsa Triolet, Giacometti, Cocteau… Inspirée par le surréalisme ou la photographie, la créatrice s’entoure des meilleurs pour affirmer sa vision du monde : « C’est à partir des petits faits, des événements politiques qu’on crée la mode, pas en raccourcissant ou en allongeant les jupes », aimait-elle à professer. Par-delà l’allusion à son éternelle rivale Coco Chanel, ce manifeste lui apportera le succès dans une aventure absolue à laquelle elle mettra elle-même un terme en 1954.