"-Tu sais... ma femme ne m'a presque pas écrit au début de la guerre. Ce silence... cette indifférence... c'était plus dur que les balles allemandes. Et comme les rares lettres que je recevais n'étaient qu'une liste de plaintes et de reproches, je préférais ne rien recevoir.-Pourtant ça fait au moins vingt fois que vous relisez cette lettre. Ce... ce n'est pas votre femme ? -Si ! mais depuis quelques temps, ça a changé. Elle m'écrit des lettres d'amour vraiment magnifiques. De vraies valentines." Lorsque l’armistice est signé, le 11 novembre 1918, Augustin Dortet s’étonne d’être encore en vie. Mille fois il a cru mourir dans les tranchées de la Grande Guerre, après avoir vu et vécu mille horreurs. Persuadé de ne devoir sa survie qu’au courrier enflammé que lui a adressé sa femme Geneviève au cours de la dernière année du conflit – les lettres d’amour qu’on appelait les « valentines » et qui contribuaient tant à soutenir le moral des soldats –, il n’a plus qu’une idée en tête : la rejoindre dans leurs Pyrénées natales. Et, espère-t-il, mettre en route un bébé, manière de compenser la cruelle perte d’enfant qu’ils ont subi un peu avant le début de la guerre, en 1913. Mais lorsqu’il revient au village, Augustin voit brutalement son monde basculer : rien n’est conforme à ce qu’il avait imaginé, à commencer par l’origine de ces valentines qui l’ont tant réconforté…