Freud l’affirme sans cesse : les grands littérateurs ont devancé la psychanalyse dans le dévoilement de l’âme humaine. À son tour, divisé, dédoublé entre ceux qu’il lit ou écrit et ceux qu’il entend, l’auteur adresse sa quête d’un sens des mots « lus et entendus » et, à travers eux, celui de sa propre histoire, aux deux instances – psychanalyse et littérature – auxquelles sa vie intellectuelle fut et reste soumise. Non sans marquer clairement les différences d’objet, d’approche ou de style qui requièrent l’écriture de l’une et de l’autre. Il ne s’agit pas de psychanalyser l’inconscient des livres, encore moins celui de leurs auteurs, mais en quelque sorte de se laisser analyser par ce qu’ils nous disent d’eux-mêmes, du monde et de nous qui lisons notre propre « livre intérieur », comme dit Proust, à travers les leurs, dans nos journées, nos nuits, nos vies de lectures. Cet ouvrage se compose de sept chapitres consacrés à des œuvres de Nabokov, Freud, Henry James, Schnitzler, Pessoa, Rancé et Proust, suivis de deux textes, l’un sur les liens problématiques entre écriture littéraire et psychanalytique, l’autre sur ceux entre le crime et les artistes – en particulier les écrivains.