Lacan, diabolisé par les uns, canonisé par les autres, continue de répandre son aura sur ceux qui lui aliènent leur être. « Nul n’y gagna, tous y perdirent, / Celui qu’ils craignaient fut le maître », dit La Fontaine. Les multiples faces de son personnage, séducteur, méprisant, violent dans ses paroles et parfois ses gestes, son style d’écriture comme son style de vie, ont le plus souvent conduit soit à la soumission, soit au rejet. De sorte que les articles réellement critiques sur son œuvre sont finalement rares. Théories, proférations, rhétorique et paradoxes, le fauve a exercé une incroyable fascination qu’il est temps d’analyser vingt ans après.« Regardant ce Lion comme un terrible sire », Michel Schneider, qui s’engagea d’abord passionnément dans son sillage, a publié depuis 1980 des textes d’une justesse critique incomparable. La réunion de ces textes a un effet saisissant… « Amour est un étrange maître. »