L’AIR NOCTURNE ETAIT tiède et chargé d’effluves fruitées, la lune en son plein versait sur le parc un doux argent trompeur. Allongée dans l’herbe, sous les branches fleuries d’un chèvrefeuille, Nylone sommeillait. Un phénix, descendu sans bruit du ciel étoilé, se posa près d’elle et caressa de ses ailes bleues le visage de la jeune fille. Nylone bâilla, étira longuement ses bras chargés de bijoux. La mousseline blanche de sa tunique était mouillée de rosée. Elle ouvrit paresseusement les yeux : sur l’horizon outremer s’élevaient les hautes tours de la cité de Tintagel, mille clochers lumineux au-dessus desquels se croisaient des étoiles filantes. L’oiseau magnifique replia ses ailes, ouvrit son bec doré :« BIP BIP BIP. »Nylone s’assit en grimaçant : « Putain ! Fait chier, ce beeper… »