Que penser d'un homme qui viendrait chez vous pour vous vanter votre propre peur? Un curieux individu, jeune, séduisant, beau parleur? Vous seriez en droit de le soupçonner de n'être qu'un escroc, beaucoup plus troublant il est vrai qu'un aigrefin ordinaire. Ou bien l'inquiétant fondateur d'une secte, la secte des apeurés, par exemple? Un fou? Celui qui vient frapper à la porte du narrateur de ce récit, de cette fable ou de ce 'conte philosophique' prétend en tout cas l'aider à comprendre sa peur pour qu'il en profite mieux, il lui suggère même que s'il s'agit de vivre, de vivre sans entrave, pleinement. La peur est le moyen de cet accomplissement, mais une peur de tous les instants, appliquée à tout ce que nous sommes, jusqu'au fond de nous, et à tout ce qui vit autour. Une peur générale qui ferait tomber sur soi l'existence tout entière, d'un coup. Son enseignement est étrange, comme sorti d'une enfance adonnée à des rites mélancoliques, mais nourri d'incongruités, de fantaisies, d'une invention permanente.