« Dès que j’arrive de l’autre côté du désert, je vends la voiture et j’achète un vélo. » Ainsi commence l’exceptionnel voyage de Jean-François Bernies à travers le continent africain, cette région du monde que le jeu des grandes puissances place au premier plan de l’actualité. Bernies, en effet, roulant sur son « pigeon volant » — un robuste vélo chinois — va parcourir des milliers de kilomètres du Togo au Tchad, du Zaïre à l’Ouganda, du Nigéria à l’Angola, de la Rhodésie à Djibouti. Ce qu’il raconte, ce n’est pas l’Afrique superficielle pour touristes pressés ou grands reporters, mais l’Afrique profonde des villages, de la savane ou de la forêt. Il rencontre une Afrique sensuelle, changeante, attachante et brutale. Ce qu’il voit, parce qu’il va lentement par des sentiers ignorés, c’est la réalité africaine d’aujourd’hui. Ce continent contradictoire se révèle à Jean-François Bernies parce qu’il le vit avec sa fatigue et sa peau. Et qu’il la risque cette peau, à chaque instant, Blanc isolé fouillé par les douaniers d’Amin Dada ou interrogé par des policiers corrompus. Ainsi l’aventure surgit-elle à chaque page dans ce récit. Mais aussi la réflexion, car Jean-François Bernies — qui publia, au cours de son voyage, de nombreux articles dans la presse française — est un observateur perspicace. Il voit, ressent, analyse. Et il écrit avec la force que donne l’expérience vraie. Aussi jamais le continent africain n’avait-il été si présent dans un livre que dans celui-ci. Il est là, devant nous, ouvert comme un fruit.