« Tu vas apprendre la danse indienne, tu vas devenir une danseuse indienne, une danseuse sacrée ! » Menaka de Mahodaya n’a pas vingt ans quand une voix intérieure lui dicte cet ordre surprenant. Pure folie de la part d’une adolescente qui a grandi boulevard des Batignolles ! La voici devenue l’élève d’un professeur de danse indienne. L’apprentissage, très rude, exige une obéissance aveugle, une constance sans faille, une discipline de fer. Menaka bronche, se révolte, s’enfuit. Mais elle revient, et persévère. Le pas décisif est franchi. Dès lors, elle n’a plus qu’une idée en tête : partir en Inde, aller à la source, entendre les grands maîtres de danse indiens. Contre vents et marées, elle réussit à financer son voyage. Elle s’envole pour Madras. Là, tout l’attire, la musique, le yoga, la beauté des temples, les rites et bien sûr la danse, qu’elle apprend avec avidité. Ces années de travail acharné sont traversées par plusieurs crises sentimentales qui la blessent au plus vif. L’amour passionné de la danse l’aide à les dominer. Vient le jour de la consécration : la cérémonie de l’arangetram, où la nouvelle danseuse se présente pour la première fois au public. Souvenir ineffaçable, qui la marque à jamais. Elle se produit ensuite sur les plus grandes scènes de l’Inde, à Bombay, Calcutta, Madras, New Delhi. Après des années, la voici de retour à Paris, où elle compose des ballets avec l’homme qu’elle aime. Mais une crise se prépare, insidieuse. Menaka accepte une expérience qui va la détruire. C’est le doute de soi. Le sentiment de l’imperfection. Il faudra subir des années de désespoir et de souffrances, il faudra surtout reprendre le chemin de l’Asie, pour sortir enfin des ténèbres. L’Inde retrouvée, ce sera à nouveau la passion de danser, d’inventer, d’imaginer, qui brûle et qui crépite : la plénitude, où elle trouvera la force qu’exige sa vocation.