Il était beau, il avait la voix de Luis Mariano, les femmes l’adoraient, il aurait pu faire une carrière de chanteur de charme. Mais on le retrouve dans une région perdue du Costa Rica, formant à la guérilla Che Guevara, Fidel Castro et tous les chefs de la révolution cubaine avec leurs futures troupes. C’est que Jean Contenté, enfant de Paris, avait en lui la graine de l’aventure et une passion de la liberté ardente comme une fièvre. La guérilla, il l’a lui-même apprise à dix-sept ans en France, dans les maquis de la Résistance, avec un ancien de l’armée républicaine espagnole. Il en sort nanti pour la vie d’un idéal et d’une des plus vieilles devises de l’humanité : « Guerre aux tyrans ! » Il va se battre dans la Légion de Begin pour l’indépendance d’Israël, puis, pendant vingt années, en Amérique centrale, dans la Légion des Caraïbes, cette mystérieuse armée secrète de combattants de tous pays, qui ont juré là-bas la mort des dictatures et dont il finit par devenir le chef. Extraordinaire destin, que celui de ce diable de Français, défiant à l’autre bout du monde des despotes, au nom des grands principes de 1789, combattant au côté de son « frère » Che Guevara, puis condamné à mort par Raul Castro pour avoir renié la révolution cubaine devenue trop dictatoriale, et à la poursuite duquel le Nicaragua lance toute une armée, quitte à violer la frontière d’un Etat voisin. Oui, extraordinaire figure, à la fois haute en couleurs, tranquille et modeste comme un Gary Cooper de western (colt compris, sauf que, là, ce n’est pas du cinéma), mais surtout d’une pureté rare — la pureté de l’homme fidèle jusqu’au bout aux plus beaux de tous les idéaux humains : Justice et Liberté.