« Pourquoi le médecin ne m'a-t-il pas tué ? » Cette question terrible, Piéral, l'un des nains les plus célèbres de l'histoire du spectacle — il fut l'une des vedettes de « L'éternel retour », l'ami de Jean Cocteau — ose nous la poser, la poser à ses parents, et il s'interroge lui-même sans concession. Il écrit : « Les monstres naissent aussi, on les laisse vivre. »Mais, au fur et à mesure qu'on suit la destinée pathétique de Piéral, qu'on le voit – enfant - découvrant sa taille, en butte aux moqueries, aux cruautés des autres gosses, on découvre le sens de cette vie. L'émotion nous prend. On suit, d'aventure amoureuse en réussite d'acteur, l'affirmation d'une forte personnalité. Piéral veut être un homme comme les autres. Et on participe à ce combat, qu'il mène pour conquérir sa dignité, parfois en se vengeant, en se jouant de ceux qui se moquent de lui. Mais cette histoire est aussi notre histoire « vue d'en bas ». Car Piéral jette sur nous « les normaux », les « grands », un regard impitoyable. Il nous découvre tels que nous sommes. Femmes célèbres, actrices admirées qui s'éprennent de lui, hommes qui le méprisent ou le frappent, chacun d'entre eux dévoile - dans ses rapports avec lui - sa part secrète.Le livre de Piéral est ainsi un témoignage exceptionnel. L'émotion et le sourire surgissent à chaque page. Un homme s'y affirme, vivant. Dans le monde du spectacle, du cinéma au cirque, des cabarets au théâtre, s'est joué pour Piéral une grande partie. Il l'a gagnée.