Ébranlé en 1971, victime d’une grave crise en 1978, au plus bas en 1980, le dollar a fait preuve jusqu’en 1985 d’une santé insolente. Contre toute attente, les premières années de la présente décennie auront été celles du dollar roi. Cette domination ne s’est d’ailleurs pas traduite seulement par l’ascension de son cours. Elle s’est étendue à la gestion du système monétaire international dont le principe a été le laisser-faire cher au gouvernement Reagan : les années du dollar ont aussi été celles des marchés rois. Sur cette période fiévreuse beaucoup de choses, souvent contradictoires, ont été dites. Pour certains la force du dollar a eu des fondements bien réels : elle a été le reflet du dynamisme retrouvé de l’économie américaine. Pour d’autres, c’est dans la seule incohérence des marchés des changes, soumis à l’emprise croissante des mouvements financiers, qu’il faut en chercher la cause. Le présent rapport voudrait éclairer ces évolutions spectaculaires : si leurs ressorts ont effectivement été beaucoup plus financiers que réels, leur logique n’en est pas pour autant celle de l’absurde. Elle est celle d’un système monétaire dans lequel tous les pays du monde utilisent les monnaies d’un petit nombre d’entre eux pour régler leurs échanges, financer leurs déficits ou détenir leurs surplus. Dans une large mesure, le fonctionnement de ce système multidevises explique la hausse du dollar, comme il permet de comprendre sa baisse récente.