L’homme disparaît sous la légende : poète de grand chemin. Le rail, le rhum et les rafiots. Hollywood, la pègre, les Années folles. La forêt vierge. Cendrars. Le reporter lyrique. L’amiral à l’encre bleue, passager clandestin des lettres, tout barbouillé d’outremer et d’indigo. Le baroudeur en nage qui troqua les odes au rossignol contre un hymne à l’aéroplane. L’ami des peintres : Léger, Delaunay, Chagall, Modigliani, Soutine. Le poète qui détecta le génie du siècle : l’électricité, le jazz, la pub, le shrapnel, le cinématographe. Je vous invite à rencontrer un autre Cendrars : violent, solitaire, mystique, désenchanté et pourtant amoureux de la vie. Des voyages, quels voyages ? A-t-il jamais cru lui-même à son personnage d’aventurier mirobolant ? Cendrars a transformé les circonstances de sa vie réelle en trajectoire idéale, en destinée. Il a beaucoup vécu, beaucoup rêvé, beaucoup menti. Reproche-t-on à Picasso ou à Braque d’avoir menti sur la forme d’une guitare ? On croit connaître Cendrars. Mais qui était Blaise sous son panama de bourlingueur des Tropiques. F.F.