« La rêverie est le dimanche de la pensée » confiait Amiel à son journal intime. Et n’est-ce pas cette rêverie d’un funambule de l’instant en équilibre balancé sur son fil de vie qui peut susciter, au-delà des petits riens du quotidien, la survenance d’une certaine poésie vagabonde ? Nul n’échappe à cette errance de l’esprit, à ce fantasme du beau, à cette quête incessante de l’absolu et du toujours. La plupart gardent cette richesse en eux et pour eux. Le poète, lui, s’efforce de la transcrire et de la communiquer en toute simplicité. Le dire se veut ici informel ou rythmé, réaliste ou surréaliste, passionné ou sensuel, cartésien ou abscons, joyeux ou nostalgique. Mais il se veut aussi panaché d’humour tendre afin d’autoriser la survie souriante des zéros pointés que nous sommes ou serons tous.