Ce recueil est un chant d’amour à celui qui est parti, un éloge de ce grain immortel qui a été semé. « Tous mes sens vibraient de n’être plus séparés ». Comment faire revivre cette unité à deux, cette extase immobile ? Tout est à reconstruire avec des mots « orphelins depuis ta fuite », « sans traces », l’aimée regarde « l’énigme de l’obscur destin ». Elle dialogue avec la nuit qui perdure. « Mes nuits mangent à ma misère ». « L’avenir est nulle part/et le passé sans origine ». Demeurent toutefois la beauté du monde, des images du Maroc de la rencontre. Le poème permet une réflexion qui, lentement, explique peut-être et déculpabilise : « la fuite renvoie à l’âme », le masque de l’aimé n’était que « l’envers d’une vérité insoutenable », une grande peur de la « prison » ? Expliquer, tenter de comprendre, c’est donner un peu d’oxygène à l’intérieur du malheur. Voici des cris, des formules fortes. Il s’agit du premier livre de Marie Botturi.