Guy Bellay dit toujours des choses simples : l’enfance, l’adolescence, ses fugues et sa « fureur », les êtres qui ont compté, les gosses de son école, les marques de la guerre, la femme et l’amour, l’amitié, le souvenir d’un voyage, d’un meeting, d’un aîné majeur. Mais un arrière-pays de plus en plus fécond se déploie derrière ces évocations de première nécessité. Si l’écriture reste familière et brève, avec de rares et hautes images, ce n’est jamais au détriment d’un certain mystère (qui fonde la poésie), voire d’un ton un peu ésotérique, parfois. Proche de Daniel Biga, de Gabriel Cousin, de Pierre Tilman, de Franck Venaille et du groupe de la revue Chorus des années 1962 1970, de Pierre della Faille, de Georges Godeau, Guy Bellay tente de porter à l’ébullition l’humain quotidien, d’en faire une trace pour tous, qui nous brûle. Le critique Georges Mounin termine ainsi sa préface de La liberté, c’est dehors : « Pour Guy Bellay, tout peut être dit. Tout peut être dit parce que ce n’est pas écrire qui est désespérant, c’est le vide entre deux émotions. Et c’est vrai pour le lecteur aussi. Les poèmes de Guy Bellay sont comme un miroir où le poète et le lecteur, côte à côte, communiquent parce qu’ils se regardent, et qu’ils regardent ensemble dans ce miroir ce que le poète a su voir, la vie, tout entière. » Jean Breton