Dans une lettre à Stefan Zweig, Freud avouait avoir lu plus de livres d’archéologie que de psychanalyse. Le modèle archéologique est, en effet, très tôt présent dans l’œuvre de Freud ; et Pompéi, Rome, Athènes deviendront les lieux d’un enjeu théorique où la métaphore archéologique est, d’un certain point de vue, constitutive du texte psychanalytique. Pour ainsi dire au cœur de cette métaphore, on se doute qu’est sollicitée toute la question d’un passé enfoui et de ses vestiges. Mais une archéologie — fut-elle fictive — ne saurait se contenter de cette seule référence. La ressource « archéologique » freudienne comporte une critique des conceptions philosophiques et biologiques de la mémoire et une véritable invention conceptuelle. En ce domaine comme dans d’autres on peut parler d’une actualité de la recherche de Freud. Dans Le Refoulé de l’histoire, Sofia Stril-Rever analyse le paradigme archéologique tel qu’il fonctionne dans le texte et ainsi tel qu’il est propre à former les modèles de la théorie psychanalytique. L’auteur s’interroge sur les changements intervenus dans la psychanalyse et sur le rôle que peut y jouer l’abandon de ce paradigme. Enfin, cette réflexion est nourrie d’une curiosité relative au devenir de la science archéologique. P.F.