Tragédie humaine, économique et culturelle pour deux peuples, la guerre d’Algérie fit plus d’un million de morts et bouleversa deux nations : une république s’effondra, l’autre naquit. Mais sur ce qu’ont enduré les combattants, sur les traces psychiques qui les consument encore, peu fut dit ou écrit, surtout en France. Les « anciens d’Algérie » se taisent, et les gouvernements français successifs se sont autorisés — jusqu’à présent — à leur dénier toute aide ou droit particulier. Il fallait donc que quelqu’un prêtât l’oreille à leur silence et leur détresse, que l’on aidât leurs réticences à se dissiper, afin de les comprendre et, peut-être, de les soulager. L’un des leurs le tente ici, en tant que psychanalyste, sans complaisance, et sans masquer l’ampleur de la tâche, y compris sur le plan théorique.