Chicago, 1983. Sur un plan de la ville, un diplomate français trace d’un trait rouge une frontière infranchissable, une zone interdite à ceux dont la peau est blanche : le ghetto noir. Pour Sofia Stril-Rever, ce trait est une blessure, une plaie dans la ville qu’il faut avoir le courage d’affronter. Pendant sept ans, elle se rend dans les ghettos de Chicago et de Harlem. Elle en rencontre les différentes communautés, elle en photographie les rues, pour comprendre, pour témoigner. Elle remonte jusqu’à la traite des noirs qui n’a jamais été reconnue en tant que génocide. Elle analyse le regain d’intérêt pour les thèses de Malcolm X, le leader noir assassiné en 1965. Elle parle du sentiment religieux à travers lequel s’expriment aujourd’hui la révolte et l’espoir des Afro-Américains. Ce livre est autant un document implacable que le récit bouleversant d’une expérience intérieure. L’auteur y donne littéralement à voir, avec des mots de chair et de sang, un univers concentrationnaire protégé par l’oubli. Mais elle raconte également une descente aux enfers dont aucun lecteur ne ressortira indemne.