« Il n'y a plus de Pyrénées », déclarait Louis XIV lorsqu'en 1700, son petit-fils devint roi d'Espagne sous le nom de Philippe V. Cette affirmation n'était qu'un mot historique, puisqu'il fut suivi par de nombreuses guerres, à commencer par celle qui fut appelée « de Succession d'Espagne » (1701-1713). Malgré notre souverain, et malgré la construction de la Communauté européenne, les Pyrénées existent toujours et maintiennent, entre les deux pays, une frontière qui est notamment politique, économique, linguistique et culturelle.Qu'en était-il à l'époque préhistorique ? Les Pyrénées existaient, mais ne formaient pas un mur infranchissable, tout au moins à leurs deux extrémités. Des relations ont existé dès le Paléolithique, le phénomène le plus spectaculaire étant, sans aucun doute, celui des magnifiques grottes ornées, qui s'alignent depuis l'Ariège jusqu'aux Asturies, très près de la pointe nord occidentale de la péninsule Ibérique.Quant aux civilisations, elles portent les mêmes noms de part et d'autre de la chaîne, et il existe entre elles des analogies certaines. Mais des différences sensibles les séparent, par exemple en ce qui concerne leurs datations ou, fait notable, l'absence des statuettes féminines gravettiennes en Espagne, pourtant nombreuses à Brassempouy, soit à une cinquantaine de kilomètres de la frontière.Pour préciser ces analogies et ces différences, et pour confronter leurs connaissances, plusieurs dizaines de pré- et protohistoriens, espagnols et français, se sont réunis à Pau, à l'occasion du Congrès du C.T.H.S. Leurs travaux, rendus accessibles grâce à de larges résumés bilingues, renouvellent la conception du « transpyrénéen préhistorique ».