Ce que les mots auraient à dire m’importe moins que le fait qu’ils puissent se projeter vers l’inconnu, ou plus modestement y cheminer en serpentant, pour s’établir sur le papier, chargés de l’empreinte d’une magique résonance, d’un Indicible qui porterait, en le traversant, le Verbe — harmonieux mouvement ou déploiement habité par le Souffle… Mais ces mots ne semblent devenir les pèlerins d’un nouveau monde, d’un autre pays, celui des « merveilles », que si l’attention, l’écoute et le regard, se sont préalablement postés dans le silence, la quiétude d’un espace intérieur, avec l’intention de découvrir, de dévoiler, ou de répondre de manière plus juste à des questions fondamentales qui se rebellent, comme dans un élan de défi, devant les réponses toutes faites. Cet inconnu semble alors nous communiquer que, libéré, le silence est musical ou — pour mieux dire — que la Source est surtout harmonie, avant même qu’elle puisse (peut-être) nous délivrer un sens… La parole poétique qui en résulte est donc là pour communiquer une expérience qui est de nature essentielle, à savoir intérieure… A.C.R.